Historique du test du tourneur
Auteur : J.M. Lahy (1872 -1943)
Producteur : Editons d’Applications Psychotechniques (EAP)
Création et diffusion : 1925 – 2014 – Sigle TOT – tu (Z)
Domaine psychologique: Psychomoteur — Dissociation/coordination (catégorie A)
Bibliographie
Institut de Psychologie : 1927 – Le test du mouvement – J.M. Lahy
Le Travail Humain : 1936 – Le coefficient d’apprentissage d’un test – J.M. Lahy
PUF : La psychologie industrielle – Tiffin et McCormick
Editions Universitaires : 1976 – Les tests mentaux – Jean Zurfluh
Descriptif
C’est peut-être le plus bel exemple de la démarche qu’un psychologue ‘auteur de tests’ puisse exécuter que celle de la conception du test du tourneur.
En effet, l’auteur, en l’occurrence J.M. Lahy, s’inspire d’une réalité du monde du travail. Il analyse, puis dicerne chez le ‘tourneur-fraiseur’, l’un des métiers les plus répandu à l’époque, les exigences qui permettent, à la personne qui l’exerce, d’accéder au ‘critère de réussite professionnelle’
L’exigence principale est , dans ce cas, la possibilité qu’aura un individu de dissocier les mouvements de ses bras et de ses mains pour arriver ensuite à les coordonner dans un but bien déterminé ; celui de faire tourner, avec chaque main, des manettes dans des rotations différentes et quelquefois opposées, afin de placer l’outil au bon endroit pour réaliser une pièce bien particulière.
Cet exemple, prenant appui sur la réalité, débouchera par l’imagination de l’auteur sur un test qu’il fera réaliser par un ingénieur, G. Guyot, et donnera ainsi naissance au test dit du ‘tourneur’, mondialement connu.
L’exemple inverse, toujours possible, où la réalité est assombrie, pour ne pas dire estompée, ne pourra pas donner naissance à un test valide, puisqu’il ne répondra à aucun critère de réussite, et n’évaluera aucune des exigences humaines lui permettant réussir dans le métier ou la profession. Ce qui a été parfois le cas au cours des années passées
Outre l’aptitude relative au domaine psychomoteur (dissociation-coordination des mouvements), le test du ‘tourneur’ fait intervenir dans un large mesure des facteurs intellectuels liés à l’apprentissage des mouvements et un effort d’attention soutenue.
Lorsque le graphique du tracé du candidat est réalisé, il est possible de compléter l’analyse par l’étude des tremblements, des gestes brusques, de la régularité ou l’irrégularité des erreurs au cours de la passation.
1927 (EAP)
Le test était composé, à cette époque, d’un système de pantographe pour permettre de laisser une trace représentative de la façon dont le sujet avait effectué le travail qui consistait à déplacer le pointeau en suivant une ligne sinueuse.
1927 (EAP)
On remarque sur ces deux photos très ancienne, que le sujet agit sur deux chariots qui se déplacent perpendiculairement par l’action de deux manivelles. Seule la visualisation des erreurs (tremblements, irrégularités) par une inscription graphique, permettait d’apprécier la qualité du travail effectué.
1929 (EAP)
Dernière étape avant une présentation du test qui deviendra permanente, le test du ‘tourneur’ est doté d’une plaque métallique sur laquelle est gravée un graphique dont les caractéristiques (forme, taille, largeur) resteront définitives.
1931 (EAP)
Musée de Lille
A partir de cette date, la présentation du test sera celle des caractéristiques finales sur lesquelles on ne reviendra plus. Le pantographe est remplacé par un ‘col de cygne’ qui supporte le pointeau. La lecture des résultats sera différente puisqu’il sera relié à des compteurs enregistrant le nombre et la durée des erreurs. L’épreuve sera toujours chronométrée.
1931 (EAP)
En situation d’examen, La passation du test consiste à demander au sujet de « faire glisser le pointeau sur une ligne sinueuse », incrustée dans la tablette, « en actionnant les deux manivelles ». La durée de cette passation est prise en compte par l’examinateur (sur la photo : Gaston. Guyot) qui utilise un chronomètre. L’enregistrement graphique est toujours possible..
1948 (EAP)
Pour satisfaire à une parfaite utilisation du test, celui-ci est placé sur une table à hauteur réglable en fonction de la taille du candidat.
On note le comportement du sujet pendant l’épreuve (nervosité, attention, déplacement des mains, lieux des erreurs). La physionomie de la ligne parcourue peut-être enregistrée en plaçant un papier sous la plaque.
1955 (EAP)
On demande au sujet « de faire suivre au pointeau le tracé du dessin géométrique en actionnant les deux manivelles, sans toucher les bords de tracé et en allant le plus vite possible ». Le chronomètre permet une mesure de la rapidité à suivre le trajet imposé, la précision est évaluée par le nombre des erreurs, et l’adaptation à corriger ses fautes par la durée des erreurs.
1960 (EAP)
Le test du ‘tourneur’ de la photo ci-contre n’a jamais été diffusée. Il s’agit d’une étude expérimentale demandé par un psychologue qui souhaitait disposer d’un appareil moins lourd et moins encombrant. Les études réalisées avec ce test mirent en évidence que les résultats obtenus étaient différents de ceux du test original. Ce qui prouvait ce que beaucoup de psychologues s’avaient déjà : toutes modifications importantes changent la nature du test.
1970 (EAP)
Musée de Lille
A partir de cette date la présentation du test du ‘tourneur’ ne changea pratiquement plus, si ce n’est les manivelles qui suivirent les progrès techniques. Des corrélations avec des tests d’intelligence mettent en évidence que les mieux classés en ‘intelligence’ ont des résultats très bons ou très mauvais, pour des résultats moyen, il n’y a pas de corrélation, pour les moins bien classés, les résultats sont aussi moins biens classés
Fiche rédigée par Robert SIMONNET